Maladies rares

Mucoviscidose

Historique

Le dépistage néonatal est une action de santé publique qui vise à reconnaître et à traiter dès la naissance des affections congénitales graves. Il s’agit de maladies rares qui, si elles ne sont pas détectées ni prises en charge dans les meilleurs délais, menacent sérieusement la santé et interfèrent avec le développement normal de l’enfant.

Historiquement, le dépistage néonatal a été rendu possible à partir des années 60 pour la phénylcétonurie (PCU) grâce à l’esprit novateur du bactériologiste américain Robert Guthrie. Quelques gouttes de sang déposées sur un papier buvard ainsi qu’une technique analytique simple et peu coûteuse allaient donner la clé du succès. En effet, Guthrie eut l’idée de prélever le sang des nouveau-nés sur du papier buvard, ce qui permettait à la fois un prélèvement sanguin minime et un transport aisé vers le laboratoire et il a mis au point une méthode biologique simple de dosage de la phénylalanine applicable à ce type de prélèvement.

Les applications du dépistage précoce se sont par la suite élargies en proposant un screening à d’autres pathologies telles que l’hypothyroïdie congénitale, l’hyperplasie congénitale des surrénales ou encore la mucoviscidose. Aujourd’hui, plusieurs dizaines d’anomalies génétiques peuvent ainsi être identifiées et des millions de nouveau-nés sont dépistés chaque année à travers le monde.

L’expérience démontre aujourd’hui que le screening néonatal est l’une des initiatives de santé publique les plus ambitieuses et les plus accomplies, menée au cours de ces soixante dernières années.

Prévalence en fonction de la zone géographique

La prévalence de la mucoviscidose varie selon les populations.

Elle est l’une des maladies génétiques les plus fréquentes dans la population d’origine caucasienne, avec une fréquence avoisinante 1 / 2.000 à 1 / 4.000 naissances. La maladie est beaucoup plus rare au sein des populations asiatiques et africaines.

Clinique

La mucoviscidose est causée par une anomalie génétique au niveau du gène CFTR (Cystic Fibrosis Transmembrane conductance Regulator), qui code pour un canal chlorure. Cette protéine régulatrice de la concentration en ions chlorures est présente dans tous les tissus exocrines. Ainsi, le défaut du transport de ces ions par la protéine CFTR conduit à des sécrétions épaisses et visqueuses au niveau des poumons, du pancréas, du foie, des intestins et de l'appareil reproducteur. L’augmentation de la concentration en sel dans la sueur est également notable. Cliniquement, la mucoviscidose peut être subdivisée en une forme classique et une forme atypique, moins sévère.

Les patients avec mucoviscidose typique développent une maladie multi-systémique précoce impliquant plusieurs ou tous les organes précités. Les manifestations pulmonaires typiques sont compatibles avec une maladie obstructive des voies respiratoires et comprennent notamment une toux persistante et productive. L’insuffisance pancréatique se traduit généralement par un diabète et une pancréatite. Un iléus méconial (obstruction de l'intestin par le méconium chez un nouveau-né) est présent chez 10 à 20% des bébés atteints de mucoviscidose. Plus de 95% des hommes atteints sont stériles, la fertilité féminine étant quant à elle plus modérément compromise.

La maladie se déclare à des âges variables : à la naissance, pendant l’enfance, ou bien à l’âge adulte pour les cas les moins sévères. Les deux sexes sont atteints de manière égale.

Test

Le dépistage néonatal de la mucoviscidose met généralement en œuvre la réalisation de deux tests séquentiels : les nourrissons présentant des résultats anormaux pour le premier test sont re-testés par une seconde analyse de confirmation.

Le test de dépistage de première ligne réfère systématiquement à un dosage de Trypsine Immunoréactive (IRT). Concernant les tests de seconde ligne, plusieurs approches existent toutefois. En cas de test IRT positif, certains protocoles de dépistage envisagent directement une analyse moléculaire du gène CFTR, tandis que d’autres préfèrent réaliser un contrôle IRT sur un second prélèvement avant d’envisager l’analyse moléculaire. Un nouveau paramètre, la PAP (Pancreatitis-Associated Protein), a été introduit récemment comme marqueur de confirmation de seconde ligne, précédant la mise en œuvre du test moléculaire.

D’un point de vue moléculaire, la mutation pathogène la plus couramment identifiée au niveau du gène CFTR est F508del (ΔF508, ou encore c.1521_1523delCTT). Ce variant est identifié chez environ 90% des individus atteints de mucoviscidose, et chez approximativement 50% des patients homozygotes.

Le test à la sueur, mesurant la concentration en ions chlorures dans la sueur des patients, permet de statuer phénotypiquement sur les variants moléculaires plus rares. Enfin, la mesure de la différence de potentiel nasal permet dans certains cas de confirmer ou infirmer un diagnostic pour les patients cliniquement suspects mais qui présentent un test à la sueur et une analyse moléculaire non concluants.

Traitement

Les progrès dans la prise en charge de la mucoviscidose ont permis d'améliorer significativement la qualité et l'espérance de vie des patients. L’approche thérapeutique de la mucoviscidose est multidisciplinaire, même si l’atteinte pulmonaire demeure la principale cause de morbidité et de mortalité chez ces patients.

Essentiellement symptomatique, le traitement consiste donc en une prise en charge de la maladie respiratoire par un drainage bronchique (mucolytiques, bronchodilatateurs) et des antibiotiques, et de l'atteinte digestive et nutritionnelle par une supplémentation en extraits pancréatiques, vitamines et calories.

Récemment, sont apparus des traitements modulateurs du canal CFTR (ivacaftor®, lumacaftor®, tezacaftor®, elexacaftor®), une nouvelle classe de médicaments qui agissent en améliorant la production, le processing intracellulaire et/ou la fonction de la protéine défectueuse. Bien que seuls certains génotypes soient éligibles pour ces nouvelles thérapies, en ce compris le variant F508del, ces drogues améliorent significativement la fonction respiratoire et réduisent l’incidence des exacerbations pulmonaires.

Hérédité

La mucoviscidose est héritée selon un mode autosomique récessif.

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